Entre Bondy et Philadelphie, il n'y a pas que six heures de décalage horaire. «Ah les Américains ! Ils ne comprennent pas qu'on ne fonctionne pas comme eux», râle Sabrina Métayer, adjointe au maire de la commune de Seine-Saint-Denis, en raccrochant avec l'ambassade des Etats-Unis. De part et d'autre de l'Atlantique, les deux villes se sont pourtant engagées dans une coopération d'un nouveau genre : inviter un artiste américain à réaliser une fresque murale avec des habitants de cette banlieue française. Depuis une semaine, jeunes et vieux Bondynois aident Paul Santoleri à peindre une gigantesque toile de parachute qui ornera bientôt le mur de l'école maternelle Père Saint-Blaise. Avec Bagnolet, dans le même département, et Villiers-le-Bel (Val-d'Oise), Bondy est l'une des trois communes retenues pour s'initier au Mural Arts Program (MAP), né il y a vingt-cinq ans à Philadelphie pour lutter contre le graffiti en enseignant l'art mural aux habitants des quartiers.
C'est au lendemain des émeutes de Villiers-le-Bel, en novembre 2007, que l'ambassade américaine a proposé de l'importer dans les banlieues françaises : «Au départ, raconte Ruddy Robeiri, conseiller municipal délégué à la Culture de la ville, l'ambassade nous a offert de reconstruire la bibliothèque, détruite pendant les émeutes. Mais ils sont arrivés un peu tard, le conseil général de Seine-Saint-Denis, et le conseil régional d'Ile-de-France s'étaient déjà engagés. Ils nous ont