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grand angle

Bongo, désamour français

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Figure de proue de la Françafrique, le président gabonais est mort le 8 juin en Espagne, loin de la France, envers qui il est, selon ses proches, resté loyal jusqu’au bout. Le clan rumine colère et amertume.
publié le 26 juin 2009 à 6h52
(mis à jour le 26 juin 2009 à 6h52)

«J'aime tellement ce pays, mais ce pays ne m'aime plus.» Ce pays, c'était la France. Et lorsque l'état de santé d'Omar Bongo se détériore brutalement, début mai, le désamour explique que ses proches n'hésitent pas une seconde. Ils ne transfèrent pas le président du Gabon en France, sa seconde patrie, mais dans une clinique de Barcelone. Le 8 juin, officiellement, Bongo y décède, à 73 ans, des suites d'un cancer intestinal. Loin de sa terre natale, et loin de cette France qui l'avait intronisé en 1967, sur les conseils de l'éminence grise du général de Gaulle, Jacques Foccart.

Pourtant, assure l’avocat Robert Bourgi, un proche de Nicolas Sarkozy et de feu Omar Bongo Ondimba, l’Elysée a bien proposé une prise en charge au Val-de-Grâce. Mais le doyen des chefs d’Etats africains, figure de proue de la Françafrique, au pouvoir depuis plus de quarante ans, a décliné. Mis en cause par des ONG dans l’affaire des «biens mal acquis» à propos de son énorme patrimoine immobilier, il se dit victime de harcèlement. Omar Bongo et Paris, l’histoire d’un divorce à la françafricaine, qui risque de laisser des traces durables entre les deux pays.

Signaux contradictoires

Au lendemain de sa mort, ses proches ruminent leur colère et leur amertume contre l'ex-puissance coloniale. Un conseiller assure : «Le Président a vécu l'affaire des biens mal acquis comme un coup de poignard dans le dos.» A Libreville, le premier cercle persiste à penser que l'Elysée aurait pu - et dû- tuer la p