«La joie des enfants» désigne le jardin public de chaque quartier, là où, entre balançoires et bac à sable, les enfants viennent s'amuser. Ceux des Grecs et ceux des xenoi, les autres, les étrangers. Mais aujourd'hui, le jardin du quartier athénien de Saint Pantéléïmon est fermé avec une pancarte régulièrement arrachée et tout aussi régulièrement remise : «Entrée interdite aux étrangers». C'est là qu'ont commencé le 12 juin les premiers affrontements, des habitants prenant à partie les nombreux sans-papiers du quartier qui firent une demi-douzaine de blessés. Un épisode symptomatique de l'exaspération croissante de la population grecque face à la présence des immigrés. Officiellement, 600 000 personnes. Mais certaines estimations donnent jusqu'à 2,5 millions d'étrangers, dont une majorité de sans-papiers, pour une population totale de 11 millions d'habitants.
Pris au piège. La tension montait depuis plusieurs mois dans ce quartier du centre d'Athènes, typique de cette ville qui s'est agrandie à la va comme je te pousse. Aux premiers baraquements des réfugiés d'Asie mineure du début du siècle ont succédé les immeubles construits par les provinciaux venus de l'exode rural des années 60-70, et maintenant s'y retrouvent des ressortissants du monde entier, Asie, Afrique, Balkans. Tous pris au piège, dans un pays qui ne devait être que de transit, alors que le travail, même au noir et sous-payé, commence à manquer, crise oblige. Par solidarité, l'hospitali