En pleine nuit, Oum Othman a ouvert les yeux. L'adhan, l'appel à la prière, la jeune femme ne l'avait jamais senti gronder au-dessus d'une ville. Il y a peu, elle vivait encore en banlieue parisienne, à Saint-Denis, et se prénommait Malika, selon l'état-civil. Aujourd'hui, cachée sous un niqab noir qui ne dévoile que ses yeux, Oum Othman (1) pousse son chariot dans un hypermarché de la banlieue du Caire. Barbe fournie et longue tunique, son mari Farid attrape conserves et bouteilles d'huile.
Dans le chariot, un garçonnet et une fillette déjà voilée se chamaillent pour un paquet de chips. Que cette famille aussi visiblement islamique parle français attire à peine la curiosité des clients, eux aussi musulmans, mais habillés à l’occidentale, comme la majorité des Cairotes. En quelques années, la capitale égyptienne s’est habituée à la présence de plus en plus importante de ces étrangers, musulmans d’origine ou convertis, à l’allure si reconnaissable. Ils viennent de partout, Etats-Unis, Angleterre, Russie, Pays-Bas, Tchétchénie… De France, ils seraient 600 à 900, sur un total d’environ 5 000 Français recensés dans le pays.
«Explications des savants»
Tous sont venus ici étudier l'arabe. En pleine quête spirituelle, ces immigrés d'un nouveau type ont pour la plupart décidé d'adhérer au manhaj salafi, la voie salafiste, un courant de l'islam sunnite radical qui se revendique des «pieux prédécesseurs», compagnons de route du Prophète. Malika, une «beuret