Menu
Libération
INTERVIEW

«En Irak, l'accalmie ne va pas durer»

Article réservé aux abonnés
Alors que les Américains se retirent aujourd'hui des villes irakiennes, Pierre-Jean Luizard, spécialiste de l'Irak au CNRS, estime que le morcellement du paysage politique pourrait entraîner une nouvelle phase d'instabilité.
par Recueilli par SYLVAIN MOUILLARD
publié le 30 juin 2009 à 12h37
(mis à jour le 30 juin 2009 à 12h39)

L'armée américaine passe aujourd'hui le relais aux Irakiens pour assurer la sécurité dans les villes du pays. Si les GI's restent dans les bases à la périphérie des villes, cette décision est une première étape avant le retrait complet de l'armée américaine, qui doit être effectif fin 2011. Mais pour Pierre-Jean Luizard, chercheur au CNRS, et auteur de «Comment est né l'Irak moderne» (CNRS Editions), la stabilité et la sécurité sont loin d'être rétablis.

Les troupes américaines se retirent aujourd'hui des grandes villes d'Irak. Quelle est la situation sécuritaire dans le pays?

Comme on le constate depuis un an, il y a eu une baisse très importante des actions violentes, que ce soit des attaques intercommunautaires ou des attaques contre les forces de sécurité. Cela permet désormais à chacun de sortir dans la rue. Mais il serait erroné d'en conclure que la guerre est terminée. Le terrorisme continue à faire des ravages, de façon nihiliste et aveugle, c'est-à-dire sans espoir de faire dérailler le processus politique en cours dans le pays. Les attaques d'envergure menées par la guerilla ces dernières semaines montrent que le système actuel ne pourra pas se stabiliser.

Rien n'est donc gagné pour le gouvernement de Nouri al-Malicki?

Le système politique lui même est source d'instabilité. Après la guerre civile de 2006-2007, qui a fait des centaines de milliers de morts, les Américains ont obtenu une accalmie, mais en hypothéquant toute solu