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Libération
Reportage

«Avant, à Yala, c’étaient des fusillades, maintenant les victimes sont égorgées»

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Thaïlande. Séparatistes et paramilitaires mènent une campagne de terreur dans le Sud du pays.
publié le 1er juillet 2009 à 6h51
(mis à jour le 1er juillet 2009 à 6h51)

Dans un bureau ouvert aux quatre vents, près du marché de Yala, dans le Sud à majorité musulmane de la Thaïlande, Patimoh Poh-itaeda-oh est l'une des rares musulmanes à ne pas porter le voile. Elle affiche la détermination des gens qui ont décidé de se battre dans cette région en proie à une violente insurrection séparatiste. «Les exactions sont devenues plus vicieuses. Avant, c'étaient surtout des fusillades et des bombes, mais maintenant les victimes sont souvent égorgées, y compris les femmes et les enfants âgés. Tous ces incidents ne sont pas rapportés par les médias nationaux.» Elle sait de quoi elle parle : son frère a été tué par des insurgés il y a deux ans. Il y a quelques mois, c'était au tour de sa sœur cadette d'être assassinée.

«Infidèle». Patimoh a fondé l'organisation Women for Peace qui vient en aide aux femmes victimes des violences qui ravagent l'extrême sud thaïlandais depuis 2003. Comme chaque année, la réouverture, fin mai, des écoles gouvernementales - symbole honni, aux yeux des rebelles, de la volonté d'assimilation forcée par «l'Etat infidèle» thaïlandais - s'est accompagnée d'une recrudescence des attaques : fusillade meurtrière dans une mosquée de Narathiwat, meurtre d'une jeune enseignante bouddhiste enceinte, assassinat d'un bonze qui faisait sa tournée matinale pour recueillir les offrandes…

Ces agressions ne sont pas toutes le fait de ces rebelles séparatistes qui n'ont jamais affiché clairement leurs revendicat