C’était un vendredi matin de juin, à l’heure de la prière, dans le quartier sunnite de Yarmouk. Un coup de feu retentit dans la mosquée : le député sunnite Hareth al-Obeidi tombe. Le tueur tente de s’enfuir : des soldats le rattrapent, mais il se suicide en faisant exploser sa grenade. En moins de dix minutes, la zone est bouclée. Soldats en beige, policiers en bleu, forces spéciales en gris. Ils sont tous irakiens, les Américains restent à distance, avec deux Black Hawk qui tournoient dans le ciel. Pas un seul GI à la ronde. Ce 12 juin, avec un peu d’avance sur le calendrier du «repli», les officiers de l’US Army ont laissé les manettes à leurs amis irakiens.
Intraitables. Il fait 48° C, il est près de midi, et une tempête de sable est sur le point de se lever. L'armée irakienne tire au ras des voitures et des passants pour empêcher quiconque de pénétrer dans la zone. La mosquée est cernée de blindés et de voitures de police neuves. Un major de la police s'énerve à la vue de la presse : «Vous n'avez pas le droit d'être là et de parler aux policiers tant que l'enquête est en cours.» Une scène de crime comme dans n'importe quel pays, gardée par des policiers intraitables et antipathiques : une vision de l'Irak de l'après-guerre ?
La réalité est un peu moins optimiste. Parce qu'il est encore possible d'assassiner un leader sunnite du Parlement dans une mosquée du centre de Bagdad, malgré ses gardes du corps et les check-points omniprésents. Et que les a