Le témoignage d’un général français, ex-attaché de défense à Alger aujourd’hui en retraite, François Buchwalter, et la détermination du juge Marc Trévidic vont-ils contraindre Paris à sortir de son silence sur l’affaire la plus dramatique et opaque des relations franco-algériennes pendant la sale guerre de la décennie 90 contre les islamistes : l’assassinat en 1996 en Algérie des sept moines français de Tibéhirine attribué officiellement aux Groupes islamistes armés (GIA) ?
Les informations publiées hier par le Figaro et le site Mediapart relancent, à partir de témoignages difficiles à contester, la piste que la conjugaison de trois raisons d'Etat, en France, en Algérie et au Vatican dissimulent depuis treize ans : les trappistes ont bien été tués par l'armée algérienne au cours d'un ratissage. Mais il y a pire. Les services algériens seraient à l'origine de la mise en scène macabre attribuée elle aussi aux GIA : la décapitation des religieux dont, seules, les têtes ont été retrouvées sur une route proche de Médéa deux mois après leur enlèvement, pour mieux suggérer un crime islamiste. L'armée aurait en outre dissimulé les corps pour effacer tout indice susceptible de mettre en cause la version officielle.
Treize ans après, François Buchwalter soulage sa conscience au cours d'une audition le 25 juin par le juge Trévidic. Comme tous les agents des services français, cet ancien du SDECE puis de la DGSE avait noué des liens d'amitié avec certains de ses homologues algéri