«Mort aux Ouïghours, vengeons-nous !» hurlait hier après-midi un meneur improvisé d'un large groupe de Hans (Chinois de souche), un hachoir à la main. Ils étaient environ 2 000 personnes, comme lui, à être descendues dans les rues du centre-ville, armées de barres de fer, de pioches, essayant de se frayer un passage à travers les barrages de police qui ont réussi à les disperser après plusieurs heures. A la révolte des Ouïghours, turcophones musulmans, répond la haine des Hans, désormais largement majoritaires à Urumqi la capitale du Xinjiang, ce grand territoire de l'extrême-ouest.
Employés de bureau, ouvriers, cuisiniers, commerçants, hommes et femmes, ces contre-émeutiers se définissent comme une «milice d'autodéfense», et scandent : «Ethnie Han, unissons-nous !» détournant ainsi le slogan officiel appelant à l'«unité entre les peuples». Les émeutes sanglantes de dimanche ont causé au moins 156 morts et un millier de blessés, soit le bilan humain officiel de troubles le plus grave depuis Tiananmen. Au moins 1 400 Ouïghours ont été interpellés, alors que les arrestations à domicile se poursuivaient hier dans cette ville tentaculaire.
Ouvriers lynchés. Tout avait commencé dimanche soir par un rassemblement de centaines de jeunes ouïghours sur la place du Peuple, à deux pas du siège du gouvernement provincial. Ils réclamaient que la lumière soit faite sur la mort d'au moins deux ouvriers ouïghours, le 26 juin dans une province côtièr