C'est la plus redoutée des sections de la prison d'Evine (nord de Téhéran). On la désigne simplement par un numéro : la 209. Elle se résume à un souterrain qui se divise en huit dortoirs de huit cellules individuelles chacun. C'est là que se trouvent détenus la plupart des journalistes arrêtés, ainsi que les huit personnalités liées à la mouvance réformatrice. Parmi elles, l'ancien vice-président iranien Ali Abtati, surnommé le «mollah blogueur», Saïd Hajjarian, ancien directeur du journal Sobh-e-Emrouz, regardé comme le théoricien du camp réformateur, et Mohsen Aminzadeh, un ancien vice-ministre des Affaires étrangères. Tous ont été arrêtés à leurs domiciles, à l'aube. Hajjarian et Aminzadeh ont été conduits samedi dans un hôpital relevant des pasdarans (gardiens de la révolution). Selon sa femme et son médecin, l'intellectuel, victime d'un attentat à l'explosif en mars 2003 et gravement handicapé depuis, a besoin de soins constants. Il pourrait être déjà tombé dans le coma.
«Tortures». De ces personnalités et journalistes - une trentaine environ - détenus à la section 209, on ne sait rien. Ce silence inquiète beaucoup Amnesty International, qui craint que les prisonniers soient torturés «dans le but probable de leur extorquer des aveux télévisés, préludes à des procès iniques au terme desquels ils pourraient être condamnés à mort». Le souterrain, qui existait du temps du Shah, est une zone de non-droit absolu qui n'a jamais pu êtr