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Libération
Interview

«La moindre dissidence pacifique est considérée comme une action terroriste»

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Nicholas Bequelin, spécialiste de la région, s’interroge sur la version donnée par Pékin :
publié le 8 juillet 2009 à 6h51
(mis à jour le 8 juillet 2009 à 6h51)

Nicholas Bequelin, 39 ans, chercheur à la division Asie de Human Rights Watch à Hongkong et spécialiste du Xinjiang analyse les heurts entre Hans et Ouïghours.

Pourquoi ces affrontements ?

La déflagration ethnique avait été annoncée par de nombreuses organisations de droits de l’homme depuis longtemps. Le ressentiment des Ouïghours, qui se considèrent colonisés dans leur patrie par un Etat étranger qui ne leur accorde pas les mêmes droits qu’aux autres citoyens , est ancien. Il n’y a aucun message politique dans leurs manifestations des derniers jours, ils expriment un simple sentiment de haine, dirigé directement contre la population chinoise. Mais la violence de ces émeutes est surprenante et il reste de larges zones d’ombre sur ce qui s’est passé. Les images officielles du début de la manifestation montrent un cortège pacifique et ordonné : comment en est on arrivé aux scènes de meurtre ? Quel est le bilan réel, qui sont les victimes, comment sont-ils morts ? Le gouvernement chinois cache tout cela et deux versions s’opposent.

Quel crédit apporter aux accusations de Pékin sur le rôle des Ouighours en exil ?

On dirait un copier-coller des accusations portées contre le dalaï-lama après les émeutes de Lhassa l’an dernier. Au Xinjiang, comme au Tibet, la moindre dissidence pacifique est considérée comme équivalente aux actions terroristes et séparatistes. Toute position en faveur de l’autonomie est considérée comme une atteinte à la sûreté de l’E