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portrait

M. Françafrique

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Robert Bourgi. Cet avocat de 64 ans s’inscrit dans la continuité de Jacques Foccart, au moment où vacillent les relations privilégiées entre Paris et son pré carré africain.
publié le 10 juillet 2009 à 6h53
(mis à jour le 10 juillet 2009 à 6h53)

Mon premier est un musulman chiite qui mange du porc, boit du vin et qui a fait baptiser ses trois enfants. Mon deuxième est né et a grandi au Sénégal dans une famille d'immigrés libanais, avant de faire ses études de droit et de s'installer en France. Mon troisième est un avocat qui n'a jamais plaidé, un go-between de profession qui navigue dans les eaux troubles de la «Françafrique». Mon quatrième est un homme qui dit «servir son pays et son président, Nicolas Sarkozy», mais qui est généreusement rémunéré par des chefs d'Etat étrangers - africains - pour ses bons et loyaux services. Et mon tout est… Robert Bourgi, 64 ans, l'ultime héritier de Jacques Foccart, bras droit du général de Gaulle qui, jusqu'à son dernier souffle, a défendu le pré carré français en Afrique. On pourrait ajouter à ce concentré de contradictions et d'identités plurielles cet autre paradoxe : Robert Bourgi est une éminence de moins en moins grise qui ne dédaigne pas les sunlights. Au risque de se brûler ? Il semble avoir décidé de jeter par-dessus bord l'une des règles édictées par son mentor, Jacques Foccart : «En Afrique, reste dans l'ombre, tu n'attraperas pas de coups de soleil.»

Jusqu'à récemment, Robert Bourgi recevait discrètement, dans son bureau au rez-de-chaussée d'une avenue cossue du XVIe arrondissement de Paris, où trône un buste de Bonaparte encadré par une flopée de photos et de portraits du général de Gaulle, ses deux héros. Vilip