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Libération

Massacre de Tibéhirine, l’opportun silence de Bouteflika

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Algérie. Le Président pourrait s’arranger des accusations françaises pour affaiblir l’armée.
publié le 10 juillet 2009 à 6h51
(mis à jour le 10 juillet 2009 à 6h51)

Les médias algériens dénoncent avec véhémence «l'humiliation» faite à l'Algérie par les propos de Nicolas Sarkozy concernant l'assassinat des moines de Tibéhirine en 1996, mais les autorités, elles, restent d'un silence de marbre. Ni le ministère de la Défense ni la présidence n'ont fourni la moindre réaction. Seul le porte-parole du parti du Rassemblement national démocratique du Premier ministre Ahmed Ouyahia a dénoncé une «provocation». Un bien léger commentaire contre un président français qui accuse l'Algérie de «mensonge», tels que ses propos ont été interprétés ici.

Aubaine.Alors pourquoi ce silence ? Certains se demandent si ce rebondissement de l'affaire et la mise en cause des militaires algériens dans la mort des religieux n'arrangeraientt pas le président algérien, Abdelaziz Bouteflika. Pour Nicolas Sarkozy, la possibilité d'une enquête sur les circonstances exactes de l'assassinat à partir du nouveau témoignage du général français Buchwalter, ancien attaché de défense à Alger, impliquerait son prédécesseur à l'Elysée et les anciens collaborateurs de ce dernier. A Alger, les développements d'une telle enquête impliqueraient nécessairement Liamine Zeroual et la clique des généraux qui tenaient les rênes du pouvoir en 1996. Une aubaine pour l'actuel résident d'El Mouradia qui, depuis son arrivée au pouvoir en 1999, n'a eu de cesse de vouloir réduire l'influence de l'armée et des services de renseignements sur la présidence