Al'automne dernier, l'affaire Kundera - la supposée dénonciation faite dans sa jeunesse par le grand romancier tchèque contre un «espion» occidental - a remis sur le devant de la scène la question de l'utilisation des archives dans les sociétés postcommunistes. L'Etat avait eu pendant des décennies un contrôle total du passé. Après la chute du mur de Berlin, en novembre 1989, tout a basculé. Les historiens ont eu accès aux documents, y compris aux dossiers des ex-polices politiques. Dans l'ex-RDA, tout ou presque fut mis à plat. Ailleurs, le processus fut beaucoup plus lent et des «révélations» sur la collaboration de telle ou telle personnalité avec les organes de répression ont pendant des années pourri le climat politique.
«Vérité révélée». «Les ouvertures de ces archives risquaient de poser plus de questions qu'elles n'allaient en résoudre», souligne Sonia Combe dans l'introduction d'un ouvrage reprenant les actes d'un passionnant colloque organisé à la Bibliothèque de documentation internationale contemporaine (BDIC). L'utilisation de tels documents est en effet très délicate : «Des historiens précautionneux dans l'interprétation des archives policières d'un pays occidental allaient perdre tout aspect critique face à l'archive d'un service secret communiste croyant y trouver la vérité révélée.»
Les dossiers ont pu être manipulés. Même s'ils ne l'ont pas été, ils reflètent avant tout la perception qu'avaient de leur prop