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Libération

La Thaïlande sous l’empire du lèse-majesté

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Monarchie. La loi interdisant de critiquer de quelque manière que ce soit le roi Bhumibol Adulyadej s’applique de manière de plus en plus zélée.
publié le 15 juillet 2009 à 6h51
(mis à jour le 15 juillet 2009 à 6h51)

A leur grande surprise, les treize membres du conseil exécutif du Club des journalistes étrangers de Thaïlande ont appris, début juillet, qu’ils étaient accusés d’avoir insulté le très révéré roi de Thaïlande, Bhumibol Adulyadej. Une traductrice thaïlandaise, Laksana Kornsilpa, venait de déposer plainte à la suite d’un débat qui avait eu lieu au club deux ans auparavant. Ce cas s’ajoute à une trentaine de recours en justice pour crimes de lèse-majesté sur lesquels enquête actuellement la police thaïlandaise. Ils risquent gros.

Plusieurs personnes poursuivies se trouvent en prison, en attente de leur procès ou déjà condamnées. «C'est choquant. Cela crée un climat d'intimidation», estime Supinya Klangnarong, une militante pour la liberté d'expression, coordinatrice de l'association Thai Netizens Network qui défend les droits des internautes thaïlandais.

Toutes les monarchies constitutionnelles de la planète (sauf le Japon) possèdent des lois qui, sous une forme ou sous une autre, protègent les membres de la famille royale. Mais la Thaïlande est, de loin, le pays qui applique avec le plus de sévérité et le plus fréquemment cette loi punissant d'une peine de trois à quinze ans de prison «quiconque diffame, insulte ou menace le roi, la reine, le successeur présumé ou le régent». «Jamais une loi aussi archaïque n'a exercé une telle influence sur un pays "moderne",sauf peut-être dans des théocraties musulmanes comme l'Afghanistan sous les talibans»,