Sacha Koulaeva est responsable du bureau Europe de l'Est et Asie centrale de la Fédération internationale des droits de l'Homme. Elle a travaillé au sein de l'ONG Memorial jusqu'en 2002 et s'est rendu à de nombreuses reprises en Tchétchénie. Pour Libération.fr, elle revient sur l'assassinat hier de Natalia Estemirova.
Comment connaissiez-vous Natalia Estemirova, et quelle a été votre réaction quand vous avez appris son assassinat?
C'était une amie, quelqu'un d'extraordinaire pour qui j'avais de l'estime. Quand je partais en Tchétchénie, je dormais chez elle. Aujourd'hui, on s'attaque aux meilleurs en Russie. Ils partent d'une mort brutale, et Natalia Estemirova n'est pas la première sur cette liste. Je ressens une immense colère contre ceux qui l'ont fait disparaître et contre l'Europe, qui regarde cela complaisamment. Elle se contente de produire des communiqués, une fois que la personne est morte. Il n'y a pas de pression en amont, ni par la suite pour qu'une véritable enquête soit menée.
Avez-vous été surprise par ce meurtre?
Non. Plusieurs personnes avaient été assassinées avant Natalia. Il y a eu Anna Politovskaia, mais aussi l'avocat Stanislas Markelov, assassiné à Moscou avec la jou