La mort, mercredi, de la militante des droits de l’homme Natalia Estemirova est venue s’ajouter à la longue liste d’assassinats non élucidés ciblant de virulents critiques du régime. Avec un seul objectif : faire taire les voix dissidentes. Le retour de la peur, qui avait disparu avec la chute du communisme, va crescendo en Russie. Le scénario semble bien rôdé. D’abord, on bâillonne les médias qui accueillent ces voix. Puis on tue les plumes qui portent ces voix. Ensuite, on s’en prend aux personnes qui veulent permettre aux victimes de faire entendre leurs voix et, enfin, on tue ceux qui, par leurs enquêtes minutieuses, montrent que le roi est nu.
Polonium 210. Les assassinats se sont enchaînés et leurs auteurs se sont enhardis, allant jusqu'à frapper leurs cibles à l'étranger. Les cours de justice ont cessé de jouer leur rôle, et aux enquêtes bâclées ont succédé les procès insipides d'improbables accusés.
C'est à l'automne 2006 que l'opinion publique internationale prend conscience qu'il y a quelque chose de pourri au royaume de Russie. Le 7 octobre, la journaliste d'investigation Anna Politkovskaïa, vedette de l'hebdomadaire Novaïa Gazeta et auteure de plusieurs livres critiquant impitoyablement le président Vladimir Poutine et sa politique en Tchétchénie, est assassinée par balles dans son immeuble à Moscou. Elle était une des dernières journalistes russes à écrire sur la Tchétchénie et à dénoncer la brutalité du nouvel homme fort de la région, Ra