On la disait essoufflée, désorganisée, terrorisée par les arrestations massives et les frappes sans aucune retenue des bassidji (miliciens), mais l'opposition est toujours là. Un mois après la répression sanglante de la manifestation du 20 juillet, elle a retrouvé vendredi le chemin de la rue, mobilisant plusieurs dizaines de milliers de personnes dans l'enceinte et autour de l'université de Téhéran. Cette fois, le régime n'a pu interdire ce rassemblement, puisqu'il s'agissait d'une cérémonie politico-religieuse qui incarne les valeurs de la République islamique. Les participants étaient essentiellement venus pour deux raisons : écouter le prêche de la prière du vendredi prononcé par l'ex-président Ali Akbar Hachemi Rafsandjani. Et plus encore soutenir Mir Hossein Moussavi, le candidat réformateur dont c'était la première apparition publique depuis la fraude et, donc, affirmer leur refus de reconnaître la validité de la réélection de Mahmoud Ahmadinejad. Slogans hostiles à ce dernier : «Démission, démission» ou «mort au dictateur». D'autres visaient Moscou, qui a reconnu Ahmadinejad : «Mort à la Russie.» Bannières vertes - la couleur de Moussavi - en grand nombre. Rafsandjani a même dû calmer l'ardeur des participants.
Comme à l’accoutumée, les milices islamiques et la police antiémeute ont attaqué les manifestants et procédé à des arrestations. Les forces de l’ordre ont aussi fait usage de balles de peinture pour les marquer. L’avocate Shadi Sadr,