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Interview

Rémy Madinier : «La menace n’a jamais cessé»

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Rémy Madinier, chercheur au CNRS, reconnaît la marque de la Jamaah Islamiyah :
publié le 18 juillet 2009 à 6h51
(mis à jour le 18 juillet 2009 à 6h51)

Rémy Madinier est spécialiste de l’islam indonésien au sein de l’Institut de recherche sur l’Asie du Sud-Est contemporaine au CNRS.

Le groupe islamiste Jamaah Islamiyah, qui a perpétré des attentats meurtriers entre 2002 et 2005 en Indonésie, peut-il être l’auteur des attaques de vendredi ?

C’est la première hypothèse qui vient à l’esprit. Le processus opératoire s’apparente aux précédents coups imputés à la Jamaah Islamiyah : viser des hôtels internationaux et des étrangers à l’explosif ou l’attentat-suicide. L’organisation avait déjà frappé l’hôtel Marriott en 2003. Après les attaques de vendredi, Abou Bakar Bachir, ex-guide spirituel de la Jamaah Islamiyah, a cherché à brouiller les pistes en expliquant que l’attentat pouvait être lié à la présidentielle du 8 juillet ou à un complot antimusulman, reléguant l’explication la plus plausible, l’implication de radicaux musulmans, au rang d’hypothèse peu probable. C’est une manière de détourner l’attention, car on ne voit pas quelle autre organisation pourrait être derrière ces explosions.

Les trois auteurs des attentats de Bali qui avaient fait 202 morts en 2002 ont été exécutés en novembre. Quelle est la réalité de la menace de la Jamaah Islamiyah ?

Elle n’a jamais cessé, c’est son ampleur qui a régressé. Elle comptait plusieurs centaines de militants actifs il y a quelques années, il n’en reste que quelques dizaines. L’organisation, qui était plus une franchise du concept Al-Qaeda que l’une de ses succursales, a été affaiblie par de nombreuses arrestations et des scissions. Les autorités ont réussi à contenir cette menace à tel point que l’Indonésie est considérée comme l’un des pays au monde le plus efficace dans sa lutte antiterroriste. Jakarta a accompli, avec le soutien des Occidentaux, un remarquable travail policier. Le Détachement 88, une