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Libération
TRIBUNE

L’art contemporain en procès à Moscou

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par Galia Ackerman, spécialiste de la Russie.
publié le 22 juillet 2009 à 6h53
(mis à jour le 22 juillet 2009 à 6h53)

C'est l'heure d'un deuxième procès à Moscou où, à l'instigation des cercles les plus réactionnaires de l'église orthodoxe russe, on juge l'art contemporain. Sur le banc des accusés, l'ancien conservateur de la section d'art contemporain de la galerie Trétiakov, Andreï Erofeïev, et l'ancien directeur du centre et du musée Andreï Sakharov à Moscou, Youri Samodourov. Leur crime ? En mars 2007, ils ont organisé au musée Sakharov une exposition intitulée «Art interdit 2006», composée de 24 œuvres d'artistes russes de la deuxième moitié du XXe siècle de renommée internationale (Ilia Kabakov, Leonid Sokov, Alexandre Kossolapov, Mikhaïl Roguinski et autres). Ces œuvres, d'une grande diversité, créées en partie à l'époque soviétique, partageaient un point commun : en 2005-2006, elles avaient été interdites d'exposition par les directeurs de différentes institutions culturelles russes, en proie à des réflexes d'autocensure. Corps dénudés, obscénités verbales, détournements d'images religieuses à des fins parodiques et humoristiques, bref, tout ce qui aurait pu heurter la sensibilité de l'église orthodoxe russe fut alors retenu contre les artistes.

L’exposition du musée Sakharov avait pour objectif de montrer l’avènement de ce phénomène nouveau d’autocensure qui réduit considérablement l’éventail des possibilités d’expression, thématiques comme esthétiques, de l’art. Destinée surtout à la communauté des historiens d’art, des conservateurs de musées et des directeurs d’institu