L’enlèvement et le meurtre de Natalia Estemirova, mercredi 15 juillet en Tchétchénie, ont suscité une forte et légitime émotion, jusqu’aux plus hautes autorités de l’Union européenne et des Etats-Unis. Même le président russe Dmitri Medvedev a réagi immédiatement, reconnaissant que le meurtre était lié aux activités de Natalia Estemirova au sein de l’organisation Memorial et promettant une enquête.
Une de plus ? Pour aboutir à quoi ? Au mieux à la condamnation d’exécutants, au pire à l’enlisement de la procédure dans les méandres de l’appareil judiciaire et policier russe. Après l’émotion vient le temps de la colère, celui de demander des comptes et de prendre au mot les déclarations attristées qui suivent chaque assassinat d’une personnalité indépendante luttant pour la justice et les droits de l’homme en Russie. Que l’on ne joue pas l’indignation feinte devant cette véritable exécution : l’assassinat de Natalia Estemirova s’inscrit dans une liste déjà longue de meurtres contre des voix critiques qui ont osé se lever contre l’impunité et la terreur en Russie, et particulièrement dans le Caucase du Nord, comme le montre ce sinistre décompte :
- 19 juin 2004 : meurtre à Saint-Pétersbourg du défenseur des droits des minorités et expert sur les crimes commis par les groupes d’extrême droite, Nikolaï Guirenko ;
- 7 octobre 2006 : meurtre de la journaliste Anna Politkovskaïa à Moscou ;
- 31 août 2008 : assassinat dans une voiture de police de Magomed Evloïev, propriétaire du site Int