Un petit miracle a eu lieu, le 3 juillet, à Yaoundé : Paul Biya a présidé un Conseil des ministres. Ce n’était pas arrivé depuis mars 2008. Cette réunion sera probablement l’unique de l’année 2009 : le chef de l’Etat camerounais, qui doit rencontrer aujourd’hui Nicolas Sarkozy à l’Elysée, n’a pas l’habitude de s’embarrasser avec ce genre d’exercice
Depuis son arrivée au pouvoir, en 1982, Biya, 76 ans, donne rarement l’impression de s’intéresser au Cameroun. Des apparitions et des prises de parole publiques au compte-gouttes, aucun déplacement à l’intérieur du pays, sauf pour se rendre dans son village natal de Mvomeka’a, dans le Sud : il est invisible. Ce fils de catéchiste séjourne souvent, par contre, à l’hôtel Intercontinental de Genève. Selon le calcul d’un quotidien privé camerounais, il y a résidé avec sa femme, Chantal, dont l’impressionnante crinière rousse ne passe jamais inaperçue, pendant trois des six derniers mois de l’année 2008.
Tactique. Absent, lointain, le Président à la voix éraillée reste cependant omnipotent. Dans les arcanes du pouvoir depuis 1962, il en tire toutes les ficelles. Le «Sphinx» s'appuie, pour durer, sur les rivalités soigneusement entretenues dans son entourage, joue avec ses ministres comme avec des pions sur un échiquier. Ses remaniements ministériels ressemblent invariablement au même jeu de chaises musicales. Bien malins ceux qui parviennent à déchiffrer sa tactique. Est-il indécis, paresseux ou fin stratège ? Biya flatt