Après les ministres, les hauts fonctionnaires et les hommes d’affaires, c’est le tour des avocats. Depuis 2006, le Cameroun vit au rythme d’une opération anticorruption baptisée «Epervier», lancée par le président Biya. Destinée à rassurer les bailleurs de fonds échaudés par le niveau de prévarication atteint dans ce pays, la grande lessive permet aussi de mettre sous pression les élites camerounaises, de se débarrasser de rivaux potentiels et d’étouffer toute contestation. Car personne n’est à l’abri des «lettres de cachet» de la présidence.
Plusieurs têtes viennent encore de tomber. Le 15 juillet, un ancien responsable du ministère de la Santé, reconnu coupable d'avoir détourné plus de 300 000 euros destinés à la lutte contre le sida, a écopé de quinze ans de prison. En juin, l'ex-ministre de l'Energie, Alphonse Siyam Siwé, a pris trente ans pour une affaire de corruption dans la gestion du port autonome de Douala. Deux autres ministres, écroués en avril 2008, attendent d'être fixés sur leur sort, comme l'ex-secrétaire général de la présidence, Jean-Marie Atangana Mebara. «Avec toutes ces personnalités, on pourrait former un gouvernement en prison», grince un observateur camerounais.
Les avocats ne sont pas épargnés. Le mois dernier, Me Etienne Abessolo a été condamné, en appel, à quinze ans de prison ferme. Il est accusé d'avoir touché indûment des honoraires dans une «affaire non contentieuse». Avant lui, d'autres conseils avaient été pris pour