La Cour d’arbitrage de La Haye a décidé cette semaine de redessiner les contours de la région pétrolifère d’Abiey, revendiquée par les autorités du Nord et du Sud-Soudan.
Quel est le problème ?
Abiey se trouve à la lisière des zones administratives respectives du Nord et du Sud-Soudan. Les accords de paix de Nairobi, qui ont mis fin, en janvier 2005, à vingt-deux ans de guerre civile entre Nordistes et Sudistes prévoyaient que le statut définitif serait choisi ultérieurement par un référendum de ses populations. Elles n’avaient jamais réussi à parvenir à un compromis. Abiey est en effet au cœur d’une zone pétrolifère convoitée par les deux parties. Le pétrole (500 000 barils par jour) était, avec la religion, l’une des causes fondamentales du conflit. L’accord de Nairobi, qui octroie une large autonomie au Sud et 50 % des recettes des hydrocarbures, prévoit, de surcroît, un référendum d’autodétermination des Sudistes en 2011. Ceux-ci pourraient opter pour l’indépendance. Or, l’essentiel des champs pétroliers soudanais sont situés dans le sud du pays. Le nord perdrait alors tout et ne pourrait plus compter que sur les recettes du transit par l’oléoduc qui amène le pétrole à Port-Soudan. D’où l’attachement viscéral de Khartoum à Abiey. L’année dernière, les tensions ont failli dégénérer en guerre ouverte à l’occasion de heurts, instrumentalisés politiquement, entre tribus d’éleveurs de bétail arabes (les Missiriya) et d’agriculteurs africains (les Dinka Ngok).