Pour la plupart des employés, c'est «Pablo», tout simplement. Dans le parc d'attractions édifié il y a deux ans sur les terres de feu le trafiquant de drogue Pablo Escobar, tous parlent du parrain comme d'une vieille connaissance : «Pablo avait amené des girafes», «Pablo était humain avec les travailleurs»…
C'est que l'empereur de la cocaïne, abattu en 1993, a laissé une lourde empreinte sur les rives du Magdalena, le large fleuve qui traverse la Colombie. «C'était tout de même un type intelligent», juge un visiteur, en photographiant le petit avion retapé qui domine l'entrée de la propriété, l'Hacienda Napoles. Comme chacun des 50 000 touristes que le parc accueillerait chaque année, il connaît l'histoire de l'appareil, que le trafiquant avait placé là, au bord de la route, tel un défi aux autorités : l'engin avait transporté son premier chargement de poudre.
«Robinets en or». Le «type intelligent» s'était amouraché de ces terres de la localité de Puerto Triunfo : 3 000 hectares de prés et de collines boisées, achetés à prix d'or à des éleveurs ravis de l'aubaine, ou aux veuves des récalcitrants. «Nous étions près de 900 à travailler là-dedans», raconte un ancien ouvrier agricole, revenu visiter incognito. Depuis l'étage dévasté de la maison, il détaille la piscine défoncée par les chercheurs de trésor et les bulldozers de la justice, les photos du capo (chef) et celles de ses attentats, les salles de bain