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Interview

«Le mouvement taliban nigérian est endogène»

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Marc-Antoine La Pérouse de Montclos, chercheur à l'IRD revient sur les affrontements entre forces de l'ordre et insurgés islamistes au Nigéria.
publié le 29 juillet 2009 à 6h51
(mis à jour le 29 juillet 2009 à 6h51)

Les combats se sont poursuivis, hier, à Maiduguri, dans le nord-est du Nigeria, où plus de 200 personnes ont été tuées dans des affrontements entre forces de l’ordre et islamistes radicaux membres de la secte «Taliban». Les violences ont touché les Etats de Borno, de Kano, de Bauchi et de Yobe. Marc-Antoine La Pérouse de Montclos, chercheur à l’Institut de recherche pour le développement (IRD) et spécialiste du Nigeria, revient sur les origines de ce phénomène.

D’où vient ce mouvement taliban au Nigeria ?

En janvier 2004, des islamistes radicaux se faisant appeler les «talibans» sont apparus dans la région du Borno, à la frontière du Niger. Ils venaient vraisemblablement du campus de l'université de Maiduguri. En Afrique de l'Ouest, le mot talibé désigne traditionnellement les jeunes élèves des écoles coraniques qui mendient dans la rue pour financer leur scolarité. Ici, on est clairement dans le cas d'une référence à l'islam radical à la mode pakistanaise ou afghane. A l'époque, les «talibans» de Maiduguri avaient attaqué des commissariats pour se procurer des armes. Puis, bizarrement, on n'a plus entendu parler d'eux, alors qu'ils ont, semble-t-il, monté des camps d'entraînement. Pourquoi des violences ont éclaté maintenant ? C'est un mystère. Il s'agit d'une zone peu contrôlée par le pouvoir central.

Qui dirige ce mouvement ?

C’est un autre mystère. On ne sait pas qui est leur leader. En 2006, un imam nommé Mohamed Yusuf avait été identifié et arrêté. Il avait reconnu avoir des «talibans» parmi ses fidèles, mais il ne se reconnaissait