Un «Louvre des sables» doit ouvrir ses portes en 2013 sur l’île de Saadiyat à Abou Dhabi. Mais, à moins que les choses ne changent, ce sont les travailleurs migrants qui vont payer le prix de la culture. Dans un rapport du 19 mai, Human Rights Watch pointe les abus dont sont victimes les travailleurs migrants de l’île de Saadiyat (bonheur en arabe) aux Emirats arabes unis (EAU). Trompés par des agences de recrutement dans leur pays d’origine, exploités par les entreprises émiraties, sans protection des autorités d’Abou Dhabi, ils se retrouvent face à un dilemme : abandonner leur emploi, alors qu’ils se sont lourdement endettés pour l’obtenir, et risquer l’expulsion, ou continuer à travailler dans des conditions qui relèvent de l’exploitation et vont parfois jusqu’au travail forcé. Ces travailleurs viennent d’Inde, du Pakistan, du Bangladesh, du Népal, de Sri Lanka et de Thaïlande. Ils sont employés pour les travaux d’infrastructures de l’île supervisés depuis 2005 par la Société d’investissement et de développement touristique (Tourism Development and Investment Company, TDIC), créée par Abou Dhabi.
Ils sont d’abord trompés par des agences, dans leurs pays d’origine, qui leur réclament des frais de recrutement exorbitants en échange du visa et leur font miroiter des salaires élevés. Une fois arrivés, après avoir signé un contrat de travail dans une langue qu’ils ne comprennent généralement pas, leurs passeports sont confisqués par leur employeur. Ils réalisent alors qu’ils so