Président de la commission de l’Union africaine (UA), le Gabonais Jean Ping évoque l’impact de la crise sur le continent et pointe le fossé d’incompréhension croissant entre Occidentaux et Africains.
Dans votre livre (1), vous allez à rebours de l’afro-pessimisme ambiant. La situation incite-t-elle à l’optimisme ?
Le discours afro-pessimiste est dépassé. L'Afrique n'est pas un problème, mais une opportunité. Sa population [un milliard d'habitants, ndlr] atteindra le milliard et demi en 2020 ; c'est celle de la Chine aujourd'hui. Elle représente un marché de consommateurs important. Nous disposons de beaucoup de richesses, notamment en matières premières.
Mais l’Afrique n’est-elle pas la première victime de la crise ?
Oui et non. Notre système bancaire n’est pas assez intégré à l’économie mondiale pour subir les effets de la crise. En revanche, les investissements ont quasiment cessé. Mais il faut reconnaître qu’ils n’étaient pas massifs : Singapour reçoit le même volume que notre continent, Afrique du Sud exceptée ! La baisse brutale du commerce est, elle, plus préoccupante pour nos recettes. Les Occidentaux affirment vouloir maintenir le niveau de leur aide. Mais on connaît la valeur des promesses de ces grands pays qui font des beaux discours mais ne respectent pas leurs engagements.
On dit que l’Afrique est riche, mais les Africains sont pauvres. N’est-ce pas dû à un problème de gouvernance ?
Certes, mais l’Afrique compte 53 pays et, parmi eux, on note des histoires de trains qui arrivent à l’heure. Regardez le Ghana, où les élections et l’alternance ont été exemplaires.
En Mauritanie, l’auteur du putsch de l’an dernier vient d’être élu. N’est-ce pas une singulière sortie de crise ?
C’est exact. Mais nous étions face à une situation délicate. Les putschistes étaient sur le point d’organiser un scrutin unilatéral. Nous avons fait en sorte que ces élections fassent l