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Le vain travail des redresseurs de tour

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Arrimage, consolidation, aimantation, soulèvement... Depuis le XIIe siècle, les projets les plus fous se multiplient pour remettre d’équerre la tour de Pise.
Arrimage de la Tour de Pise en 1998. (Vincenzo Pinto / Reuters)
publié le 4 août 2009 à 6h52
(mis à jour le 4 août 2009 à 6h52)

Appelons cela le syndrome de la tour de Pise. Une fièvre architecturale qui agite les méninges depuis des décennies et donne le vertige. Une folle épidémie qui échafaude des plans de sauvetage en cascade. Quand elle ne relève pas de l'acharnement thérapeutique. Bâtisseurs confirmés ou doux dingues, techniciens pointilleux ou rêveurs éveillés, combien sont-ils à s'être penchés au chevet du campanile toscan, qui a commencé à piquer du nez quelques années après la pose de la première pierre en 1173 ? Des milliers. Pour le pire et pour le rire, plus rarement le meilleur. «Si vous aimez les projets fous, vous n'allez pas être déçus, prévient, goguenard, le médiéviste Piero Pierotti (1), le meilleur connaisseur de l'histoire de la tour. Car ici, les folies n'ont pas vraiment manqué.»

Prenez le Sud-Africain Ron Middleton. Il proposait, il y a quelques années, l’érection d’une gigantesque vis métallique en forme d’escalier qui viendrait en appui du monument et faciliterait sa visite. Dwight Clark, un jeune Américain du Vermont, ne manque pas de souffle non plus : la tour est arrimée par un câble d’acier à un immense dirigeable. Gonflé. Avec des croquis ciselés, le Japonais Otani posait la tour sur de nouvelles fondations sur l’eau, non sans avoir fait verser 1 000 tonnes de sable sur son pourtour. Hara-kiri architectural assuré. Magritte y est même allé de son pinceau. Sur deux toiles des années 50, le surréaliste belge a peint une plume et une cuillère à l’aplomb d