Il y a le langage des mots et celui des corps. Lundi, lors de la cérémonie d'adoubement du président Mahmoud Ahmadinejad, réélu pour quatre ans au terme d'un scrutin contesté, le Guide suprême de la révolution iranienne, Ali Khamenei, n'a pas tari d'éloges sur son protégé : «Je nomme cet homme courageux, travailleur acharné et intelligent à la présidence de la République», a-t-il déclaré, ajoutant, en guise de provocation à l'égard des manifestants, que «le vote ferme et sans précédent des Iraniens pour le Président reflète leur approbation du bilan du gouvernement sortant». Mais les gestes disaient autre chose. Contrairement à il y a quatre ans, Ali Khamenei s'est montré quelque peu distant, reculant même d'un pas lorsque le Président a voulu lui baiser la main. Le Guide a fini par accepter un baiser sur l'épaule, à la manière des Arabes plus que des Iraniens d'ailleurs.
Crise. La cérémonie, boycottée par les ex-présidents Khatami et Rafsandjani ainsi que par les deux principaux perdants de la présidentielle du 12 juin, Moussavi et Karoubi, n'avait rien de réjouissant pour les deux hommes. Même la télévision d'Etat n'a pas retransmis la cérémonie en direct…
Certes, Ahmadinejad a été réélu mais l’ampleur de la fraude, celle de la contestation qui s’en est suivie et celle de la répression ont mis à mal le tandem dirigeant iranien. A tel point que le régime islamique vient de traverser sa plus grave crise interne en trois décennies d’existence.