«Miss mine antipersonnel» n'est sans doute pas le plus enchanteur des trophées à remporter pour un concours de beauté, mais il partait d'un bon sentiment : restaurer la fierté et la confiance en soi de Cambodgiennes mutilées par des mines antipersonnel. En annulant ce concours, qui devait se tenir vendredi à Phnom Penh, le gouvernement cambodgien en a jugé autrement. Khieu Kanharith, l'inamovible porte-parole du Premier ministre, Hun Sen, a déclaré que la compétition «moquait» les handicapées et portait atteinte «à leur dignité et à leur honneur».
Les photos des vingt participantes, sélectionnées à travers le pays et qui posaient en habit traditionnel khmer, ne seront donc pas exposées en leur présence, dans une salle de concert de Phnom Penh, comme prévu. Le prix pour la reine de beauté devait être une prothèse dernier cri. Morten Traavik, un metteur en scène de théâtre norvégien à l'origine du concours, ne cache pas sa surprise devant cette soudaine annulation, annoncée dimanche : son projet avait reçu l'approbation officielle du pouvoir cambodgien, qu'il a tenu régulièrement informé des progrès au cours des deux années de préparation. «Une fois de plus, le gouvernement cambodgien a laissé sa peur de toute controverse obscurcir son jugement. Il y a, actuellement, très peu de tolérance pour tout débat, quel qu'il soit, au Cambodge», estime l'artiste, pour qui cette décision est un «coup dur pour les droits des handicapés».
Echos.