Pourquoi diable le Fatah a-t-il décidé de tenir aujourd’hui son premier congrès en vingt ans ? En fait, la question serait plutôt : pourquoi le Fatah, le parti fondé par Yasser Arafat en 1959, n’a-t-il pas tenu de congrès ces deux dernières décennies ? Cette absence de démocratie interne explique en grande partie l’état de déliquescence du parti-Etat, qui a longtemps été le porte-étendard de la lutte palestinienne, et reste le seul partenaire reconnu par la communauté internationale et Israël.
Réunis depuis hier pour trois jours à Bethléem (Cisjordanie), quelque 2 000 délégués du mouvement doivent à la fois adopter un nouveau programme et renouveler les 21 membres du comité central, ainsi que les 130 du conseil révolutionnaire. Israël a laissé entrer plusieurs dizaines de cadres vivant en exil au Liban, en Jordanie ou en Syrie… En revanche, les 400 délégués de la bande de Gaza ont été empêchés par le Hamas de rejoindre Bethléem. Ce dernier réclame la libération, en contrepartie, de centaine de ses membres emprisonnés par l’Autorité palestinienne en Cisjordanie.
Gabegie. La menace posée par le Hamas, qui n'est pas sorti affaibli de trois semaines d'offensive israélienne intense en janvier, a décidé Mahmoud Abbas à convoquer ce sixième congrès afin de relégitimer un parti discrédité par l'échec du processus d'Oslo, une gestion marquée par la corruption et la gabegie, l'écrasement de l'Intifada, les luttes intestines et l'absence de toute perspective d'accession