Majed Hanoun a passé la nuit à quelques mètres de chez lui, dans la rue, sur un matelas posé à même le trottoir. Car la maison où il vivait depuis des années ne lui appartient plus. Dimanche, sur ordre de justice, les forces spéciales israéliennes l'ont expulsé, lui, son frère Maher et leurs deux familles, dix-sept personnes en tout. Aussitôt, des juifs, nationalistes et religieux, ont occupé les lieux. «Quand je les vois entrer et sortir de chez moi, c'est comme si on m'enfonçait un couteau dans le cœur», souffle-t-il en désignant du menton trois jeunes hommes arborant des papillotes et une grande kippa tricotée.
Saga. L'expulsion marque le dernier épisode d'une saga judiciaire vieille de quarante ans. Au lendemain de la victoire israélienne de la guerre des Six Jours, en 1967, une association juive, les Sepharadim, vient trouver les Hanoun pour leur expliquer que cette maison appartenait à des juifs avant la division de Jérusalem en 1949 et qu'ils sont autorisés à y rester en tant que simples locataires. Les Hanoun rétorquent que la maison leur a été attribuée par l'UNRWA - l'organisme des Nations unies en charge des réfugiés palestiniens - et le gouvernement jordanien qui régnait entre 1948 et 1967 sur la ville. Après des décennies de procédure où les avocats sont allés fouiller les cadastres jusqu'en Turquie (l'Empire ottoman était souverain sur Jérusalem jusqu'en 1917), la justice israélienne a tranché en juillet : les Hanoun doivent déguerpir d