Un an après la guerre russo-géorgienne, la situation dans la région reste «instable et fragile», comme le rappelle l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). Spécialiste du Caucase et chercheur à Paris-X, Gaïdz Minassian analyse la nouvelle donne dans cette zone stratégique, notamment pour le transit des hydrocarbures vers l'Occident.
Quel est le bilan de ce conflit ?
La Russie en est l’incontestable gagnante, au-delà même d’une victoire militaire acquise d’avance vu la réalité du rapport de force. Paradoxalement, c’est sur le terrain militaire que le succès est le moins évident car, proportionnellement aux forces engagées, les Russes ont eu beaucoup de pertes, dont au moins trois avions. Cela explique aussi pourquoi Moscou dénonce avec autant de virulence, comme ces derniers jours, la coopération militaire de Washington avec Tbilissi.
Aujourd'hui, la Russie se montre encore plus incontournable dans la région. Elle a réussi à «désinternationaliser» la crise géorgienne, mettant fin aux deux opérations de paix menées en Ossétie du Sud et en Abkhazie [les deux républiques séparatistes qui ont fait sécession avec le soutien russe au début des années 90, ndlr], respectivement sous l'égide de l'OSCE et de l'ONU. Bien que très imparfaites et restreintes, elles permettaient aux Européens et aux Américains d'avoir un œil sur ce qui se passe. La nouvelle opération de paix, lancée après la guerre de l'été dernier pour contrôler l