Nicolas Sarkozy a réagi, hier, à la condamnation d'Aung San Suu Kyi, en demandant à l'Union européenne d'infliger de nouvelles sanctions à la Birmanie «tout particulièrement dans le domaine de l'exploitation du bois et des rubis». Le Président s'est gardé d'appeler à des sanctions dans le domaine stratégique du gaz et des hydrocarbures, sans doute afin d'épargner la compagnie privée française Total qui est, aux côtés de la Chine, un des plus gros investisseurs en Birmanie. Total y exploite le gisement de gaz et le pipeline Yadana. La Fédération internationale des droits de l'homme a estimé à 141 millions d'euros le montant des royalties versées chaque année à la junte dans le cadre de ce contrat. «La mise en place de sanctions se heurte bien souvent à l'intérêt des Etats, dont la France qui, comme beaucoup d'autres, commerce avec les généraux via ses industries pétrolières», observait en 1994 Bernard Kouchner dans le livre Dossier noir Birmanie (éditions Dagorno). Kouchner a changé son fusil d'épaule en 2003, en rédigeant pour Total un rapport payé, dans lequel il blanchissait la compagnie pétrolière. Aujourd'hui ministre des Affaires étrangères, Kouchner expliquait en mai 2009, alors que l'UE réfléchissait à la possibilité de cibler Total pour sanctionner la Birmanie, que si la compagnie française se voyait interdire d'opérer, la Chine prendrait aussitôt le relais. «Cela ne veut pas dire que nous n'envisageons pas» de viser Total, assurai
pour mémoire
Paris ou l’art du double langage
Article réservé aux abonnés
publié le 12 août 2009 à 6h51
(mis à jour le 12 août 2009 à 6h51)
Dans la même rubrique