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Libération
TRIBUNE

Les «foibe», une tragédie européenne

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par Julien Sapori, historien.
publié le 14 août 2009 à 6h52
(mis à jour le 14 août 2009 à 6h52)

De Chypre à la Bosnie, du Kosovo à l'Ossétie, des conflits territoriaux qui paraissaient complètement oubliés ont refait surface avec, en arrière-fond, des menaces d'exodes et d'épuration ethnique. Un autre conflit frontalier, tombé dans l'oubli depuis soixante ans, a récemment fait parler de lui. Il s'agit des territoires italiens annexés par la Yougoslavie après la Seconde Guerre mondiale. Ainsi, le 10 février 2007, le président de la république italienne, Napolitano, stigmatisait dans un discours le «dessein annexionniste slave qui avait prévalu dans le traité de paix de 1947 et avait pris les contours sinistres d'un nettoyage ethnique». Et le Président de poursuivre : «Il faut se souvenir de l'impardonnable horreur contre l'humanité constituée par les foibe.»

Les foibe sont ces cavités naturelles qui parsèment l'arrière-pays de Trieste, et dans lesquelles des milliers de personnes furent jetées, parfois encore vivantes, entre 1943 et 1947, victimes d'un nettoyage ethnique qui visait à vider cette région de toute présence italienne. Les mots prononcés par M. Napolitano suscitèrent la réaction immédiate du président croate Stipe Mesic qui, dans une note très sévère, accusa l'Italie de «racisme, révisionnisme historique et revanchisme politique». L'Union européenne condamna les propos du président croate, considérant que son langage avait été «inapproprié». Puis, le président slovène Drnovsek protesta contre les déclarations de M.