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TRIBUNE

Afghanistan, une élection et après ?

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par Gilles Dorronsoro, professeur de sciences politiques à l’université Paris-I-Panthéon-Sorbonne, spécialiste de l’Afghani
publié le 20 août 2009 à 6h52
(mis à jour le 20 août 2009 à 6h52)

L'élection présidentielle afghane se tient dans un contexte marqué par une progression rapide de l'insurrection talibane. Dans les régions majoritairement pashtounes de l'est et du sud, la présence gouvernementale est de plus en plus symbolique en dehors des villes. Depuis quelques mois, celles-ci deviennent une cible pour les talibans qui ont mené une série d'attaques contre les bâtiments gouvernementaux de plusieurs capitales provinciales. Deux districts à moins de 20 km au sud de Kaboul, Tcharasyab et Masawi, sont infiltrés par les insurgés. Les attentats suicides à Kaboul, bien que largement relayés par les médias, sont en fait moins décisifs sur le long terme que cet étouffement progressif de l'Etat. Les Afghans travaillant avec les ONG ou les forces de la coalition risquent leur vie en cas de check post taliban sur une route ; leurs familles sont menacées et parfois battues. Les provinces du nord du pays, considérées jusque-là comme relativement calmes, basculent à leur tour dans le conflit. Les talibans mènent désormais des attaques avec des groupes d'une cinquantaine d'hommes à Kunduz et coupent pratiquement quotidiennement la route vers Kaboul. La région d'Herat connait une instabilité croissante due au banditisme et à l'action des talibans, celle du Badghris est largement sous contrôle. Partout, on constate une multiplication des incidents violents, la professionnalisation des insurgés et la passivité des forces de sécurité. Face à une guérilla longtemps s