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Libération
TRIBUNE

Florence Hartmann, journalisme et châtiment

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par Stéphane Manier, journaliste, ex-envoyé spécial en Yougoslavie et rédacteur en chef à France 2.
publié le 21 août 2009 à 6h52
(mis à jour le 21 août 2009 à 6h52)

Le verdict du procès que le tribunal pénal international pour l’ex Yougoslavie (TPIY) intente contre la journaliste française Florence Hartmann sera lourd de conséquences pour nos démocraties.

Pendant six ans Mme Hartmann a été la porte-parole du procureur de ce tribunal. Elle a quitté son poste quelques mois avant la fin du mandat de Carla Del Ponte et a repris son activité de journaliste en témoignant de son expérience dans son livre Paix et châtiments (1). Elle décrit un TPIY partagé entre ceux qui sont convaincus que seule la vérité pourra ramener confiance et paix dans la région, et ceux qui pensent qu'un compromis politique sera plus efficace, quitte à «négocier» une vérité officielle avec les successeurs des coupables. Elle fustige ceux qui, au sein du tribunal, ont tout fait pour cacher le rôle des grandes puissances dans ces guerres et leur complicité objective avec Milosevic.

Qu’un ancien membre du tribunal utilise sa connaissance du dossier pour faire œuvre journalistique dérange le TPIY. C’est une affaire de principe, qui, à ses yeux, touche au secret de l’instruction et n’a rien à voir avec la liberté de la presse. Concrètement, le TPIY reproche à Florence Hartmann d’avoir enfreint l’article 77 de son règlement qui stipule qu’un membre du personnel ne peut rendre publiques les pièces d’instruction dont il a eu connaissance pendant son mandat. Florence Hartmann avait cité dans son livre l’accord entre le TPIY et l’Etat serbe qui a permis à ce de