Ecrit par un auteur inconnu, Natan Doubovitski, le roman Près de zéro dénonçant la corruption des élites politiques et économiques russes aurait pu, comme tant d'autres, prendre la poussière sur les rayons des librairies moscovites. Mais depuis la semaine dernière, il est au centre de l'attention, les Russes ayant appris que, derrière le pseudonyme, se cache fort probablement l'éminence grise du Kremlin, Vladislav Sourkov.
La révélation a été lancée par le quotidien d'affaires Vedomosti, qui s'est référé à des sources anonymes. Ce pseudonyme est le nom de famille de l'épouse de Sourkov. L'administration présidentielle n'a ni confirmé ni démenti la paternité de l'œuvre. Andreï Kolesnikov, le rédacteur en chef du bimestriel Rousski Pioner qui a publié le roman dans un numéro spécial, travaille aussi comme journaliste au Kremlin. Il reste dans le vague : «J'ai reçu le texte par e-mail, signé Natan Doubovitski. La personne a dit être un des auteurs réguliers de notre magazine.» Fin 2008, Vladislav Sourkov y a publié un article d'opinion sur le célèbre peintre espagnol Joan Miró.
Idéologue. Sourkov, l'auteur présumé de ce brûlot, est plutôt connu pour des textes d'un autre type. Premier adjoint du chef de l'administration présidentielle, ce quadragénaire est l'idéologue numéro 1 au Kremlin depuis le début des années 2000. C'est lui qui formula en 2006 la notion de «démocratie souveraine», devenue l'appellation officielle