«Le changement survient parce que le peuple l'exige, parce qu'il se dresse et prône de nouvelles idées et de nouveaux dirigeants, une nouvelle politique pour une nouvelle ère.» Sur son vieux frigo, Juana, professeur de biologie à l'université de La Havane, a affiché ces quelques mots de Barack Obama à la convention du Parti démocrate, le 28 août 2008. Elle s'en amuse : «Imaginez que l'on applique cette phrase à Cuba, ce serait une révolution ! Une vraie révolution !»
Comme tous ses compatriotes, elle se félicite de la fin des années Bush qui ont accentué la pression de l'Oncle Sam sur l'île. Pour autant, elle ne prend pas le nouveau président américain pour le messie. «C'est à nous de faire quelque chose. Tout le monde attend à Cuba. On ne sait pas quoi, mais on attend.» Sur le toit de sa bicoque, en banlieue de la capitale cubaine, le réservoir d'eau en béton est griffé d'une vingtaine de prénoms : ses amis partis les uns après les autres tenter leur chance aux Etats-Unis. Juana sort de sa chambre, elle a les yeux embués et s'excuse. «Ça me fait un choc à chaque fois que ma meilleure amie appelle de Floride, une fois par mois environ. Elle est partie en 2007. Elle ne pourra pas revenir ici avant trois ans, avant que son statut de migrante soit officiel. Si Obama peut faire quelque chose pour ça, ce sera déjà un grand pas.» En avril, la nouvelle administration américaine a annoncé la levée des restrictions sur les voyages et les transferts