Menu
Libération
TRIBUNE

Les disparitions forcées, une arme redoutable

Article réservé aux abonnés
par Stéphan Oberreit, directeur général Amnesty International France.
publié le 26 août 2009 à 6h53
(mis à jour le 26 août 2009 à 6h53)

Vers la fin des années 1970, les militaires argentins ont découvert que des corps jetés à la mer depuis un avion réapparaissaient sur les plages du Rio de la Plata : l’air contenu dans leurs poumons les avait fait flotter. La solution : endormir les victimes et les jeter vivantes à la mer. En voulant respirer, elles emplissaient poumons et estomac d’eau et coulaient plus rapidement. Les généraux chiliens préféraient attacher un morceau de rail aux corps de leurs opposants avant de les jeter dans l’océan Pacifique.

Ni limitées au passé, ni apanage de l’Amérique latine, les disparitions forcées sont un crime auquel des Etats recourent un peu partout dans le monde pour faire taire des dissidents, éliminer des opposants et persécuter des groupes ethniques, religieux ou politiques. Les disparitions forcées sèment la terreur dans la population. Elles limitent l’exercice des droits humains : soustraits à la protection de la loi, les disparus sont à la merci de ceux qui les détiennent. Les disparitions d’opposants politiques, de syndicalistes, de responsables sociaux, de défenseurs des droits humains sont plus que jamais d’actualité sur les cinq continents. Le 30 août est la journée internationale qui leur est dédiée.

Au Tchad, depuis 2006, pas moins de 24 personnes ont disparu, majoritairement pour raisons politiques. Civils, officiers de haut rang, le dernier en date est le chef de l’opposition, Ibni Oumar Mahamat Saleh, arrêté à son domicile, le 3 février 2008, par les forces de sé