La radio grésille, annonçant une «proclamation de l'Etat d'urgence». Des soldats écoutent dans un bus qui les emmène dans un grand bâtiment isolé, ancienne école ou ferme collective où ils prennent leurs quartiers. Ils attendent, fument, boivent, s'ennuient. Puis commence le «travail». Des prisonniers que l'on amène dans une camionnette blanche, poussés dans un fossé herbeux où on les agenouille de force. Aucun d'eux ne crie ni ne se débat. L'officier hurle : «Chargez ! Visez ! Tirez !» Les rafales, des corps disloqués. Puis à nouveau les hommes boivent, rient, parlent et s'ennuient. Quelques heures plus tard arrive un nouveau groupe à «liquider». Et ainsi de suite. Pas une protestation des tueurs. Une épure de la mise à mort à la chaîne et sans aucun état d'âme.
«Monstres». Etrange film, glacial et distancié, Ordinary People montre la vie ordinaire d'un groupe d'exécuteurs ordinaires. Cela se passe dans un pays indéterminé, ravagé par une guerre civile. Les combattants y parlent la même langue et dialoguent parfois, au hasard d'une interception radio, entre anciens amis devenus ennemis. Cela pourrait se passer aussi bien en Tchétchénie qu'en Amérique centrale ou, bien sûr, dans les Balkans. Grand prix du dernier festival de Sarajevo, ce film parle serbe parce que son auteur, Vladimir Perisic, est né à Belgrade en 1976 et que son adolescence a été hantée par les guerres qui ont ravagé l'ex-Yougoslavie entre 1991 et