Dans le sous-sol d'une guest house (pension de famille) d'Islamabad, des affaires empilées prennent la poussière. Sans nouvelle de leur propriétaire, le patron de l'hôtel les garde patiemment. Sa cliente canadienne, Beverly Giesbrecht, a vécu plusieurs semaines dans son établissement, avant d'être kidnappée, il y a huit mois, alors qu'elle était sur une route en lisière du Waziristan, dans le nord-ouest du Pakistan. Cette zone tribale, qui borde la frontière afghane, est connue pour être le quartier général des talibans et d'Al-Qaeda. La région est aussi le paradis des gangs mafieux, souvent liés aux insurgés, qui se sont spécialisés dans les enlèvements et autres trafics.
Grand voile. Pour le patron de la guest house, Beverly Giesbrecht, âgée d'une cinquantaine d'années, était une cliente peu ordinaire. A la suite des attentats du 11 septembre 2001, cette habitante de Vancouver s'était convertie à l'islam et se faisait appeler Khadija Abdul Qahaar. «Pour sortir, elle portait un long manteau noir et se couvrait le visage avec un grand voile», se souvient un employé de l'hôtel.
Beverly-Khadija avait pris fait et cause pour les talibans et tentait apparemment de tourner un documentaire sur ceux qu'elle considérait comme les «guerriers de l'islam». Sa fascination pour eux remonte à sa conversion. Ecœurée par l'invasion américaine en Afghanistan, elle s'emploie alors à dénoncer la guerre contre le terrorisme, une «croisade»,