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Interview

«Pour la nouvelle majorité au Japon, les défis à relever sont énormes»

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Un entretien avec Jean-Marie Bouissou, spécialiste du Japon contemporain à Sciences-Po Paris.
publié le 31 août 2009 à 6h51
(mis à jour le 31 août 2009 à 6h51)

Jean-Marie Bouissou est directeur de recherche à Sciences-Po Paris et spécialiste du Japon contemporain (1). Il détaille les chantiers qui attendent le Parti démocrate du Japon (PDJ).

Comment expliquez-vous ce raz de marée électoral en faveur du PDJ ?

C’est, plus que tout, un référendum contre le Parti libéral démocrate (PLD). Depuis plus de cinquante ans, le règne du PLD reposait sur un miracle économique, qui n’est plus de mise aujourd’hui, et sur le fait que l’opposition était structurellement peu crédible. Cette époque est révolue.

Au-delà du vote sanction, qu’est-ce qui a mobilisé les Japonais ?

Le centre gauche a fait campagne sur des mesures phares pour enterrer les réformes néolibérales de Koizumi (Premier ministre entre 2001 et 2006). Il a inscrit dans son programme l’augmentation du salaire horaire minimum à 1 000 yens (7,5 euros), l’interdiction de l’intérim dans l’industrie, la suppression des péages, la création d’une retraite minimum garantie de 70 000 yens (520 euros), le lancement d’un système d’allocation familiale, le gel d’une hausse de la TVA, une meilleure répartition des dépenses publiques, etc.

Le PDJ a-t-il les moyens de ses ambitions alors que le Japon connaît un déficit record ?

Les économistes et le patronat disent que cette politique est irréalisable. Seuls 8 % des électeurs du PDJ croient à sa promesse de financer son programme sans augmenter les impôts.

Sans expérience du pouvoir, le centre gauche peut-il convaincre ?

Il n’est pas si inexpérimenté que cela. De nombreux transfuges du PLD ont migré dans ses rangs qui ont accueilli de nombreux intellectuels. Ces vieux crocodiles et beaucoup de jeunes talents, qui ont rajeuni le PDJ depuis dix ans, peuvent créer une majorité plus efficace qu’on ne pense. Le défi va consister à faire coe