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Analyse

Retour en grâce du «petit père des peuples»

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Russie. Polémiques avant la visite de Poutine en Pologne pour l’anniversaire de l’invasion allemande, en 1939.
par Lisa ALISSOVA
publié le 1er septembre 2009 à 6h51
(mis à jour le 1er septembre 2009 à 6h51)

C'est une autojustification qui s'apparente à du révisionnisme historique. Soixante-dix ans après le partage de la Pologne entre l'Allemagne nazie et l'URSS de Staline, Moscou tente de plus en plus ouvertement de justifier ce dépeçage qui donna le coup d'envoi à la Seconde Guerre mondiale. «Le pacte "Molotov-Ribbentrop" était le seul moyen d'autodéfense pour l'URSS», tranchaient récemment les Services secrets extérieurs russes (SVR) avec publication d'archives secrètes à l'appui.

Selon eux, ce pacte de non-agression aurait permis à Staline de retarder la guerre et de s'y préparer. Pourtant, deux ans plus tard le maître du Kremlin fut pris par surprise par l'offensive nazie. Mais cette nouvelle vérité sur l'habilité de Staline a désormais l'imprimatur officiel. «La diplomatie soviétique de l'époque estimait, au minimum, déraisonnable de refuser la proposition de l'Allemagne, et avec raisons…» écrivait, dans le journal polonais Gazeta Wyborcza, le Premier ministre russe, Vladimir Poutine, hier, à la veille de sa visite en Pologne, rappelant toutefois que le pacte «peut sans le moindre doute et avec raison être condamné».

Certains historiens russes sont indignés par la réhabilitation du pacte germano-soviétique. En 1989, l'URSS de Mikhaïl Gorbatchev a officiellement condamné la signature le 23 août 1939 de ce document, dont la partie secrète réglementait le partage de la Pologne. Mais aujourd'hui, la Russie semble vouloir revenir en arrière.