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Libération

L’essor d’une gang génération

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Respecté par les deux principales bandes du pays, Christian Poveda avait accepté d’être leur médiateur auprès du nouveau gouvernement.
Christian Poveda lors d'une interview le 22 septembre 2008 à San Sebastian. (AFP Rafa Rivas)
publié le 4 septembre 2009 à 0h00

Assassiné par une «bicha puta» (membre de la bande des «Salvatrucha»), abattu par un «diesiochero» (la bande des «18») ou exécuté par un «jura» (un policier) ? Entre deux prises de vues, Christian Gregorio Poveda Ruiz, dont le corps criblé de balles a été retrouvé mercredi au lieu-dit Las Cañas, dans une sordide banlieue nord de San Salvador, s'était amusé à dresser un lexique de l'argot des «maras», ces gangs de jeunes Salvadoriens qui se livrent une guerre impitoyable.

Ils se font appeler «la bête» ou «le requin», se déchirent la peau de tatouages à l'effigie de leur bande, s'étripent pour le contrôle du territoire, du trafic de drogue, de l'extorsion de fonds ou de l'enlèvement contre rançon, et ne reconnaissent que l'autorité du chef, souvent le plus cruel d'entre eux. Par ses photographies (voir Next du mois de novembre 2008) et à travers son film la Vida Loca, Poveda a tenté de rendre compte, sans empathie ni jugement, du quotidien de cette génération perdue de délinquants accrochés au principe du «vive para matar, mata para vivir» («vis pour tuer, tue pour vivre»).

Sanguinaires. Ces bandes sanguinaires sont nées dans les années 1980 aux Etats-Unis, du côté de Los Angeles où de nombreux Centro-Américains - clandestins pour la plupart -avaient trouvé un refuge précaire à la misère et aux dictatures. Les maras,