Jusqu'alors ils allaient prier sous les quolibets, sinon les menaces. Déguisés en homme ou en femme, ils se glissaient dans les salles de prières des mosquées, redoutant d'être démasqués. Maryani a subi ce genre d'humiliations, avant d'ouvrir, en juillet 2008, la première école coranique pour waria : les transsexuels, selon l'appellation indonésienne.
Ce lieu unique dans le plus grand pays musulman au monde, qui accueille homosexuels et travestis, se niche dans une ruelle de Notoyudan, quartier calme de la cosmopolite capitale culturelle du pays, Yogyakarta. Pas de banc, de salle de lecture, ni même de mosquée dans cette école-là. Ce centre coranique est à nul autre pareil. Des trophées de concours de maquillage se mêlent à des clichés kitsch de La Mecque, des photos de shows entourent les reproductions de sourates.
Coiffeuse. Dans une salle aux murs jaunes et orangés, Maryani reçoit chez elle, sans prosélytisme. Née homme et catholique en 1960, elle est devenue femme à 15 ans. Puis elle s'est convertie à l'islam. «Dieu l'a voulu ainsi, j'ai respecté sa volonté. Mais je suis resté physiquement comme il m'a faite.»
Cette ex-prostituée et chanteuse s’est reconvertie en pieuse coiffeuse qui maquille et coiffe danseurs, artistes et futurs mariés. C’est ainsi qu’elle finance les activités du centre qui accueille régulièrement une trentaine de transsexuels, de gays et de lesbiennes.
«On accepte volontiers des hétérosexuels, s'amuse Maryani.