Duel. Etonnante campagne électorale allemande ! Elle est centrée sur les personnes plus que sur les partis, comme si le chancelier était élu au suffrage direct. Exit les programmes, la crise financière, le réchauffement climatique ou le chômage… Seuls les Verts s'acharnent sur le nucléaire, tandis que les néocommunistes de Die Linke dénoncent les juteuses primes de départ versées aux patrons. Un quotidien berlinois est allé jusqu'à titrer «Angela, Guido [Westerwelle, leader des libéraux, ndlr], Frank-Walter, on se réveille !» afin de relancer l'intérêt pour cette campagne atone.
A première vue, les jeux sont faits. Trois semaines avant les élections, les chrétiens-démocrates de la CDU caracolent en tête des sondages (39 % des intentions de vote), loin devant les sociaux-démocrates du SPD (23 %). A aucun moment le SPD n’a semblé en mesure de faire de l’ombre à la chancelière, Angela Merkel, à la cote de popularité presque soviétique : 62 % des Allemands voteraient pour elle si le scrutin se déroulait au suffrage direct ; 26 % lui préféreraient son challenger, le ministre SPD des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier. Si on en croit l’arithmétique des sondages, Merkel peut même espérer s’appuyer sur la majorité de son choix et former le prochain gouvernement avec l’aide des libéraux du FDP (12 %) : un glissement à droite qui marquerait la fin de la grande coalition, l’alliance «contre nature» qui lie la CDU au SPD depuis 2005. Mais si la recondu