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Libération
TRIBUNE

Ted Kennedy, l’épopée d’un cow-boy réformateur

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par Andrew DIAMOND, historien, université Charles- de-Gaulle - Lille-III
publié le 8 septembre 2009 à 0h00

Edward Kennedy a choisi un moment poignant pour mourir. L'homme qui, presque à lui seul, a réussi à maintenir en vie le rêve d'un système de santé universel depuis la fin des années 1960, vient de fournir au président Obama et au parti démocrate le capital symbolique dont ils ont besoin pour tenter de calmer la tempête qui fait rage contre le projet de réforme du système de santé. Son frère, John, avait servi de martyr, permettant l'adoption d'une ambitieuse législation sur les droits civiques après son assassinat, en 1963 ; Ted Kennedy, qui appelait souvent l'assurance maladie universelle «la cause de [sa] vie», pourrait être un martyr tout aussi efficace de la réforme du système de santé. Si la législation est adoptée, elle portera sans nul doute son nom. Reste à savoir si elle ne sera pas tellement édulcorée que Ted s'en retournerait dans sa tombe.

Le libéralisme américain moderne qu'il incarnait (et qui, sur l'échiquier politique des Etats-Unis, correspond à la gauche sociale-démocrate européenne) vient de perdre son dernier grand combattant. Plongeant ses racines dans le programme du New Deal de Franklin D. Roosevelt des années 1930, le libéralisme, tel que Kennedy l'a défendu durant les cinq décennies de sa carrière, considère que la première obligation d'un gouvernement est d'utiliser son pouvoir et ses ressources pour améliorer les conditions de vie des personnes défavorisées. Lors de son éloge funèbre, Barak Obama l'a appelé «l'âme du parti démocrate».