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Libération
EDITORIAL

Affaires

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publié le 10 septembre 2009 à 0h00

Total a toujours justifié sa présence en Birmanie en expliquant que ses activités, au moins dans la zone où elle travaillait, profitait aux populations locales. Le rapport de l’ONG que nous publions met cette thèse à mal. Le pipeline achemine surtout des dollars sur des comptes secrets et personnels des généraux birmans qui exploitent leur pays. La firme française n’est pas nécessairement comptable de l’usage de ces fonds mais peut-elle ignorer ce détournement ? De même, les enquêteurs de Earth Rights International montrent que se poursuivent dans la zone du pipeline les abus déjà dénoncés par l’opposition birmane. La France ne peut se laver les mains de ces accusations et botter en touche en recommandant des sanctions sur le commerce du bois qui, comme de juste, épargnent les hydrocarbures et donc Total. On sait que les pays voisins, la Chine, Singapour ou la Thaïlande, protègent la junte et dissimulent ses milliards de royalties.

Il est juste d'avoir accordé le prix Nobel de la paix à Aung San Suu Kyi. Il est juste d'avoir protesté contre sa nouvelle condamnation décidée par la junte.Mais ces protestations ne sont, pour l'heure, que des rodomontades. Pourquoi ne pas monter un système de sanctions ciblées, de smart sanctions, visant les dirigeants de la junte, leurs fortunes mal gagnées et les pays qui les couvrent ? Le gouvernement français se doit aussi de demander des comptes à Total, la firme française qui, depuis qu'elle fait des affaires avec la junte, est bi